L’acte de nommer

À la recherche d'une forme

4 août 2022

18/07/22

Pour la seconde fois dans notre vie (et donc, vraisemblablement, la dernière), nous avons nommé un être. Un être à peine né. Le prénom était choisi, mais l’acte de nommer, lui, tant que n’était pas né l’être auquel le prénom devait référer, n’était pas accompli. Et même quand il est né, bien que nous sussions le prénom que nous lui avions destiné, il y manquait encore l’acte de nommer. J’ai indiqué le prénom à la sage-femme, mais ce n’était encore qu’une nomination du bout des lèvres, abstraite et désincarnée car trop administrative, destinée à la paperasse, non ontologique, si vous me passez le mot. L’acte de nommer n’a été accompli — du moins de mon point de vue, et sur le moment je l’ai fortement ressenti, comme quand on entérine une décision irrévocable ou qu’on saute dans le vide — que lorsque j’ai informé tous nos proches de la naissance de notre fils et, concomitamment, du prénom que nous lui avions choisi. C’était un acte purement performatif (la fonction illocutoire du langage, selon Austin) et pourtant il n’était pas moins fort et définitif que si j’en avais gravé les lettres dans du marbre ; devant le monde, pour le meilleur et pour le pire, un nouvel être était nommé.

Nommer

Last modified: 4 août 2022