Caractères Hautement subjectifs
Sous l’empire des protocoles
Qui se dit « au bout de sa vie » à tout propos, puisse-t-il justement y arriver pour de bon, « au bout de sa vie », à l’instant même où il prétend s’y trouver — par combustion spontanée par exemple.
Continue ReadingDécor de rêve
Solénoïde, de Mircea Cărtărescu. De ces livres qui vous font forte impression : me plonge dans la mélancolie et me décourage d’écrire.
Continue ReadingÔ oiseaux majestueux !
Impériales au cœur de la béance, leur bec pivote avec grâce dans le prolongement d’un cou géant. À l’oeil nu, on devine les croisillons des côtes peuplant un bréchet musculeux, et tous leurs tendons qui frémissent dans l’effort. D’un cri nasillard, perçant aux premières lueurs de l’aube, elles s’éveillent, ô oiseaux majestueux !
Continue ReadingDeuxième cerveau
L’intestin grêle aussi a ses giboulées intempestives…
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On dit de notre système digestif qu’il est notre deuxième cerveau : que ne l’intervertit-on avec le premier ? Quiconque n’aurait plus alors qu’à ingurgiter des livres pour devenir érudit.
Continue ReadingLire les romans-monstre : Terra Nostra, de Carlos Fuentes
Je reproduis ici les premiers paragraphes d’un article à découvrir dans son intégralité sur le site du magazine littéraire et culturel Pro/p(r)ose Magazine qui a eu l’amabilité de m’accueillir en ses colonnes. Il s’agit de ma lecture de Terra Nostra, roman titanesque du mexicain Carlos Fuentes.
Continue ReadingDeuxième vague (Partie 4)
Démunis, on s’en remit à la science qui saurait bien nous tirer d’affaires par un tour de passe-passe dont elle aurait le secret. Le profane se réveille un beau matin pour voir la nouvelle tomber du journal, et il est déjà prêt à faire la queue : on a breveté un vaccin, un traitement d’huiles essentielles, une combinaison en plexiglas (Hygiaphone en option) ; n’importe quoi, la bombe atomique s’il le faut, pourvu que tout redevienne comme avant.
Deuxième vague (Partie 3)
Bien sûr, des masques, on s’en pouvait aussi coudre à domicile dans son tissu fantaisie préféré, Spiderman ou Reine des neiges, à condition d’être calé en couture — ainsi qu’en normes d’hygiène certifiées par l’AFNOR. C’était toujours l’occasion de voir quelque tutoriel en ligne, pour qui aime la patine exotique. Le tout étant qu’on le porte partout, tout le temps, son masque, sur le Mont Blanc et dans le désert, au fond des océans, à la selle et dans son lit, sans jamais se palper le visage, ce geste incontinent qui nous prend deux cent soixante-trois fois par jour.
Deuxième vague (Partie 2)
Après application du gel, on doit encore fermer le flacon, donc tripoter le bouchon : qui pourra me garantir que cette surface est saine ? N’est-ce pas jouer avec le feu ? — ce qui, soit dit en passant, n’en ferait rien de moins qu’un cocktail Molotov… Ne vaut-il pas mieux prévoir un deuxième flacon, pour se désinfecter du premier, puis un troisième, pour se désinfecter du deuxième, et ainsi de suite, de sorte que l’hypocondriaque connaîtrait les vertiges de l’infini dès la moindre poignée de porte ?
Deuxième vague (Partie 1)
À peine au creux de la première, il fut question de la deuxième, et pour cause : les vagues ça vogue en escadrilles ou ce ne sont pas des vagues. Une fois qu’on est pris dans la marée, chaque autre vague suivra ; amabilité de la Lune. Autant s’initier tout de suite à la planche, non pas de surf, mais de salut : terre ferme à jamais meuble sous nos pieds.