À la piscine Tag Archive
Coup de grâce à ma carcasse
Mais il suffit de traverser la pointe de l’île (île qui se présente en deux parties : une fine bande de terre — que rattache au continent un pont à double voie, mais aussi à mi-temps la mince et limoneuse (et pittoresque) chaussée du Gois, raccourci latéral submergé à marée haute —, soit le manche, le long duquel on ne fait que passer, prolongé par la tête, où l’on peut s’arrêter, pour avoir mis tout ce qu’on pouvait de distance entre le continent et soi) depuis notre havre d’air iodé au sud-ouest, vers Noirmoutier-en-l’île au nord-est, longeant par la voie cyclable des marais salants où s’édifient quelques curieux (ça change de la plage), pour pénétrer une atmosphère plus lourde (la chaleur aide, aussi, ce jour-là), sentir s’abattre sur soi la chape des vapeurs émanant de la route à moteurs, parallèle désormais à notre voie, de moins en moins préservée à l’approche du bled d’où déferlent en sens opposé des ribambelles de cyclistes branlants et débraillés. Cette atmosphère plus lourde, cette poisse saveur hydrocarbure, c’est celle du tourisme de masse (aussi modeste soit ici son échelle) dont nous paraît d’emblée caractéristique la rue centrale, piétonne et marchande, vers où convergent tous les ennuis, par vagues de badauds, à l’heure suffocante que devrait seule occuper la sieste ; l’ennui qui arpente la rue marchande en long en large et en travers ; l’ennui en marcel et en claquettes qui se nourrit de lèche-vitrine (ça change du mall). Cette vision nous fait rebrousser chemin, sans même avoir poussé jusqu’à la plage des Dames, belle dans mon souvenir, mais aussi très prisée et malheureusement à portée de camping.
Continue ReadingRafraîchir la page pour tuer le temps
Ne me demandez pas comment je suis tombé là-dessus, mais en fait non, je m’en vais vous le dire, comment, c’était dans le flux vidéo d’Instagram, réseau social où je suis strictement dormant, passif, voyeur même, me cantonnant à voir sans jamais rien montrer, non pas tant d’ailleurs pour reluquer sournoisement ce qu’y publient les quelques amis que j’y suis encore comme par défaut — puisque étant passif, de longue date je ne m’abonne plus à personne, il n’y a donc plus grand-chose à voir par chez moi, et ce n’est pas très à la mode non plus, le vent siffle tandis qu’un fétu de paille tourbillonne sur la plaine, encéphalogramme plat que trouble seul, de loin en loin, quelque barbant tableau de vacances — mais pour dériver plutôt, meublant l’impulsif ennui de l’homo connectus, au gré des suggestions de la page de recherche, infiniment rafraîchie par simple application d’une pression du pouce vers le bas.
Continue ReadingLes Mouettes
2014 : première inscription en club de natation amateur aux Mouettes de Paris, dans le 19ème. Des forcenés ; les entraîneurs comme les entraînés. Les premiers, quasi des sergents instructeurs avec des biscotos larges comme ma cuisse (le plus musclé d’entre eux était aussi le plus idiot, comme quoi ces deux grandeurs-là ont finalement peut-être entre elles quelque proportionnalité). Sévissant un temps à Pailleron, bassin de trente-trois mètres pour faire durer le plaisir (on n’en voit pas le bout), puis à Georges Hermant, cinquante mètres, heureusement divisé en deux (sauf pendant les semaines de vacances scolaires, que je redoutais pour cette raison ; et quel plaisir pourtant, quelle glissade, comprendrais-je aussi bientôt, d’aligner cinquante mètres d’une traite, quand on a la cadence).
Continue ReadingPapillon
La nage papillon, telle que la pratique l’amateur, ressemble plutôt à s’y méprendre à celle du crapaud cul-de-jatte qu’empoisserait une flaque de pétrole.
Du papillon, on ne reconnaît à la rigueur que l’enfance larvaire et sa laborieuse reptation, quand il était encore chenille.
Continue ReadingEspace Détente Forme Liberté
La piscine municipale de Vanves ferme pour quatre mois, pour travaux : « rénovation totale de son espace vestiaires, de ses sanitaires, de ses douches et de son contrôle d’accès » avec « un nouveau système de badge et des tripodes d’entrée mécaniques » (effet waouh garanti). Pour qui fréquente cette piscine, l’absurdité du projet saute aux yeux, l’espace vestiaires, les sanitaires, les douches et le contrôle d’accès étant tout à fait fonctionnels et en bon état. Mais j’ai déjà dit que dans ce coin du monde, comme en beaucoup d’autres, on a la fureur des travaux (de là à imaginer qu’il y a complaisance dans le vote des budgets afférents, il n’y a qu’un pas que pour ma part je m’empresse d’allègrement franchir).
Continue ReadingDéjà qu’on est toujours emmerdé, à la piscine municipale
Déjà qu’on est toujours emmerdé, à la piscine municipale, par les gens qui se traînent en barbotant comme des phacochères (j’allais dire des crapauds, mais j’imagine que les crapauds nagent comme des champions)… Entendons-nous bien, je n’ai aucun problème avec les gens qui nagent lentement, tant qu’ils font un minimum d’effort pour, d’abord, choisir dans la mesure du possible un couloir fréquenté par des nageurs de même allure, et ensuite, cohabiter convenablement, quand c’est nécessaire, avec ceux dont la cadence est plus soutenue (de même qu’on attend, réciproquement et à raison, des nageurs rapides qu’ils respectent le rythme et l’espace des autres). Je pense notamment à cette sale manie qu’ont beaucoup de nageurs lents, quand ils arrivent en bout de ligne et se savent talonnés par un nageur plus rapide, de repartir immédiatement en sens inverse — plutôt que d’attendre un quart de seconde contre le muret pour laisser repartir devant eux le nageur rapide, ce que pour ma part je fais systématiquement quand un nageur plus véloce est juste derrière moi — le contraignant ainsi soit à ronger son frein derrière eux soit à les dépasser par le milieu de la ligne au risque de perturber un autre nageur venant d’en face, ce à quoi je n’aime pas me résoudre, justement parce que je suis soucieux du fait que chacun doit pouvoir nager à son aise (je suis d’ailleurs prêt à adapter mon rythme si besoin : je ne me prends pas pour Laure Manaudou).
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