Le gros orteil du pied droit

Chronique phénoménologique d'une crise aiguë d'hypocondrie (9)

Même mort, il pince encore ce crabe dont j’attaquai si maladroitement la carapace au casse-noix que je m’en fichai un éclat dans le pouce.

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À la recherche d'une forme

4 septembre 2024

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Du grabuge à l’Épine

Chronique phénoménologique d'une crise aiguë d'hypocondrie (8)

En paix
Un transat
Un parasol et son ombre
Le petit théâtre du jardin
La caresse mâtinée de chaleur et de vent
Le friselis de maracas des feuillages
L’ivre zigzag d’un papillon blanc
Le frôlement anonyme des bourdons
Pur ciel, lumière or, radieux silence
En lequel parfois se niche
Le rire de mon enfant.

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À la recherche d'une forme

2 septembre 2024

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Ménage avec mon corps

Chronique phénoménologique d'une crise aiguë d'hypocondrie (7)

« J’avais toute ma vie fait bon ménage avec mon corps ; j’avais implicitement compté sur sa docilité, sur sa force. Cette étroite alliance commençait à se dissoudre ; mon corps cessait de ne faire qu’un avec ma volonté, avec mon esprit, avec ce qu’il faut bien, maladroitement, que j’appelle mon âme ; le camarade intelligent d’autrefois n’était plus qu’un esclave qui rechigne à sa tâche. »

(Extrait des Mémoires d’Hadrien, de Marguerite Yourcenar)
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À la recherche d'une forme

31 août 2024

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Imaginer le pire

Chronique phénoménologique d'une crise aiguë d'hypocondrie (6)

La persistance de la douleur m’a bien forcé à réagir. J’ai préféré ne pas envisager tout de suite le vilain mot de « blessure » — au sens d’un endommagement durable qui d’abord ne se remettrait pas de lui-même, qui oblitérerait ensuite ma capacité d’agir, mettrait surtout mon intégrité physique, ma santé donc, en péril, non sans un risque qui plus est d’aggravation — mais plutôt quelque déséquilibre superficiel, quelque nerf malencontreusement tourmenté, quelque muscle à la fibre un peu tiraillée, et j’ai volontiers cru qu’y suffirait un bon massage, ou du moins une rapide remise en ordre manuelle, attitude où entrait une bonne part de déni et qui me conduisit en premier lieu chez l’ostéopathe que m’avait recommandé ma compagne, bien plus au fait de ces matières que moi, soit un type de médecine alternatif, comme on dit, et controversé, à propos duquel je n’ai ni connaissances ni donc d’avis, qu’il s’agisse d’en chanter les miraculeux mérites ou de hurler au charlatanisme crapuleux.

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À la recherche d'une forme

29 août 2024

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Me voilà déglingué

Chronique phénoménologique d'une crise aiguë d'hypocondrie (5)

Dès lors, symptômes persistants. Épaule vulnérable, amoindrie ; l’élancement vif dans le haut du bras se manifeste à certains gestes, dans certaines postures, j’apprends le répertoire des douleurs, à reconnaître ses figures, pour mieux les contourner, ou au contraire, les tester et sentir la limite à partir de laquelle le mal se manifeste.

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À la recherche d'une forme

27 août 2024

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Coup de grâce à ma carcasse

Chronique phénoménologique d'une crise aiguë d'hypocondrie (4)

Mais il suffit de traverser la pointe de l’île (île qui se présente en deux parties : une fine bande de terre — que rattache au continent un pont à double voie, mais aussi à mi-temps la mince et limoneuse (et pittoresque) chaussée du Gois, raccourci latéral submergé à marée haute —, soit le manche, le long duquel on ne fait que passer, prolongé par la tête, où l’on peut s’arrêter, pour avoir mis tout ce qu’on pouvait de distance entre le continent et soi) depuis notre havre d’air iodé au sud-ouest, vers Noirmoutier-en-l’île au nord-est, longeant par la voie cyclable des marais salants où s’édifient quelques curieux (ça change de la plage), pour pénétrer une atmosphère plus lourde (la chaleur aide, aussi, ce jour-là), sentir s’abattre sur soi la chape des vapeurs émanant de la route à moteurs, parallèle désormais à notre voie, de moins en moins préservée à l’approche du bled d’où déferlent en sens opposé des ribambelles de cyclistes branlants et débraillés. Cette atmosphère plus lourde, cette poisse saveur hydrocarbure, c’est celle du tourisme de masse (aussi modeste soit ici son échelle) dont nous paraît d’emblée caractéristique la rue centrale, piétonne et marchande, vers où convergent tous les ennuis, par vagues de badauds, à l’heure suffocante que devrait seule occuper la sieste ; l’ennui qui arpente la rue marchande en long en large et en travers ; l’ennui en marcel et en claquettes qui se nourrit de lèche-vitrine (ça change du mall). Cette vision nous fait rebrousser chemin, sans même avoir poussé jusqu’à la plage des Dames, belle dans mon souvenir, mais aussi très prisée et malheureusement à portée de camping.

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À la recherche d'une forme

23 août 2024

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Ah, parlons-en, du torticolis !

Chronique phénoménologique d'une crise aiguë d'hypocondrie (3)

Un sas de désensablement équipant tout hébergement d’un littoral dévolu à la baignade, formant goulot d’étranglement à l’entrée du domicile : on ne mettrait pas un pied chez soi sans être passé dedans. Une hotte aspirante ultra puissante avalerait, sans qu’on ait même besoin de se déshabiller puisque son souffle irrésistible s’immiscerait entre les plus étroites fibres, jusqu’au dernier grain de sable d’entre les orteils ou depuis la poche du maillot.

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À la recherche d'une forme

21 août 2024

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Au marché nocturne

Chronique phénoménologique d'une crise aiguë d'hypocondrie (2)

L’Épine, village sans histoires, architecture d’Épinal, maisons basses, blanches et volets bleus, quadrillage tortueux, toutes les routes, étroites, menant aux pinèdes aboutissant aux plages, eau claire et sable fin, tout à fait, liseré d’algues authentique, pourlèchement élastique jouant dans l’amplitude des marées, borné ça et là par des rochers formant digue.

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À la recherche d'une forme

18 août 2024

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Torsion du dos

Chronique phénoménologique d'une crise aiguë d'hypocondrie (1)

Faire chauffer le moteur. Les os des phalanges, rouillés, craquent un peu, maladroits au portemine, choisi pour sa gomme : que tout reste encore effaçable.

Eussé-je été sélectionné que je n’aurais tout de même pas pu participer aux JO, et pour cause : blessé juste avant les vacances.

S’ouvre la saison annuelle d’un sillon de mon cru : la littérature de bon père de famille en vacances (à chaque fois d’ailleurs, j’entame un nouveau carnet, que je ne remplis jamais. Ni ne date, c’est le bordel. Je ne facilite pas la tâche de mes futurs biographes et commentateurs).

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À la recherche d'une forme

16 août 2024

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De la supériorité de la littérature par rapport à la science

À propos de Cosmicomics d’Italo Calvino (traduction Jean Thibaudeau et Jean-Paul Manganaro)

La science a beau avoir prévu les trous noirs, puis fabriqué les télescopes rendant compte a posteriori du concept ; elle a beau avoir infailliblement mis en équation comme en pratique l’impossible ubiquité quantique ; elle a beau avoir élucidé le palimpseste qui machine par milliers nos macromolécules à partir d’un simple alphabet de quatre lettres ; elle a beau déduire toute la phylogenèse de quelques coquilles et fragments d’os, elle échoue par sa nature même, soit la réduction logique du réel ainsi décorrélé de la perception qu’on en a, circonvenant par approximations successives ses objets qui pourtant trouvent toujours quelque faille résiduelle par où se dérober encore à elle, le succès de ses trouvailles se mesurant alors proportionnellement à la distance qui bée toujours plus large entre ses symboles et l’entendement commun, elle échoue disais-je à nous faire éprouver de l’intérieur les phénomènes bien qu’elle — et pour cette raison même — les reconstitue toujours plus scrupuleusement, ses théories n’étant pour autant jamais, pour son plus grand malheur, superposables exactement à eux.

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À la recherche d'une formeCaractères

10 mai 2024

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