Quelle différence entre
le nourrisson d’antan, ruse apitoyante de la nature, poupon parfait dormant comme un charme au creux du couffin, rose, fragile et frais, adorablement mignon, joli à se damner — un ange ;
et
le quinquagénaire peu ragoutant d’aujourd’hui, cent kilos sur la balance, bourrelant de graisse sa chemise pleine à craquer, peau sale, cheveu luisant et tâche douteuse au boutonnage, traînant partout avec lui son nuage d’odeurs rances, mélange de rot à bière et de vieux pet, de sueur, de tabac et café froids, et qui dépose à chaque livraison son étron de deux kilos au fond de la cuvette, dans une puanteur d’étable et d’égout entremêlés, dont les effluves persistantes traverseraient jusqu’aux parois d’un bunker ?
Aucune ; ils sont une seule et même personne, à deux âges de la vie.
Nous sommes tous d’adorables nouveaux nés qui avons mal tourné.
Last modified: 2 juin 2019