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Un exercice contrefactuel instructif
Lire l’épisode précédent : où l’on s’aventure sur un terrain peu familier
C’est amusant parce que, toujours à propos de cette histoire de retraite par capitalisation — tant qu’on y est ! — un économiste notoirement libéral mais peu suspect de malhonnêteté intellectuelle, Sylvain Catherine, s’est livré à un exercice contrefactuel instructif : imaginons qu’un salarié, ayant commencé à travailler en 1982 et payé au SMIC tout au long de sa carrière, ait investi chaque mois 10% de son salaire brut dans le CAC40. À l’aide d’un calcul rétrospectif tenant compte de l’inflation et de la rentabilité actuarielle historique de l’indice, Sylvain Catherine démontre que notre smicard aurait accumulé pour sa retraite un capital de 350 000€, convertible « en une rente viagère indexée sur l’inflation de 1 512 euros mensuels, soit 300 euros de plus que le montant prévu par le système par répartition existant, malgré un taux de cotisation plus de deux fois plus élevé. » Ces mêmes 10%, épargnés mensuellement au taux de rendement de la retraite par répartition, tel qu’estimé par le Conseil d’Orientation des Retraites pour la cohorte de 1960, vaudraient aujourd’hui 114 000€, soit trois fois moins. Et ce malgré les krachs boursiers de 1987, 2001, 2008 et 2020, qui fournissent habituellement leur argument massue aux opposants au système par capitalisation, choisissant d’ignorer qu’en tendance longue, le risque d’un tel placement est en réalité infinitésimal. Détracteurs qui, paradoxalement, ne ratent pas une occasion de reprocher aux actionnaires de s’en mettre plein les fouilles : il faudrait savoir !
Continue ReadingVertigineuse débandade
Lire l’épisode précédent : où l’on commence à s’aventurer en terrain économique
Sans entrer dans le détail, fut mis en œuvre un programme de planification socialiste au fond assez classique (nationalisations massives visant notamment l’industrie minière largement aux mains d’entreprises étrangères, réforme agraire au pas de charge avec son lot d’expropriations de grands propriétaires, stimulation de la demande par la dépense publique et l’augmentation des salaires, contrôle des prix et création monétaire) qui, après une courte vague d’euphorie, s’est rapidement traduit par une vertigineuse débandade : croissance négative, inflation galopante, balance commerciale dans le rouge, pénurie et explosion du marché noir.
Continue ReadingMalléable comme la pâte, aussi enragé qu’un sans-culotte
Lire l’épisode précédent : où un semblant de problématique est posé.
Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, du fait des grands voyages de ma jeunesse en Amérique du Sud, ainsi que des fortes sensations et des liens affectifs qu’avait occasionnés chez moi, à l’âge où l’on peut être à la fois malléable comme la pâte et aussi enragé qu’un sans-culotte, l’immersion complète dans un contexte socio-culturel exotique, à savoir celui des hauts plateaux andins, le mandat tragiquement abrégé de Salvador Allende a persisté dans mon imaginaire personnel comme mythe d’une utopie socialiste qui, si elle n’avait été réprimée par les forces obscures du Kapital, aurait enfin actualisé avec succès le rêve d’une révolution démocratique (bien sûr, on me dira, et sans doute avec raison, que c’est un penchant banal : le Chili d’Allende, c’est, un peu comme l’épopée de Che Guevara, le bréviaire du gauchiste vingtenaire — la dérive sanguinaire en moins… mais j’avais au moins pour moi de m’être attaché sur place, soit en meilleure connaissance de cause, à cette tradition mémorielle).
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