Un sas de désensablement équipant tout hébergement d’un littoral dévolu à la baignade, formant goulot d’étranglement à l’entrée du domicile : on ne mettrait pas un pied chez soi sans être passé dedans. Une hotte aspirante ultra puissante avalerait, sans qu’on ait même besoin de se déshabiller puisque son souffle irrésistible s’immiscerait entre les plus étroites fibres, jusqu’au dernier grain de sable d’entre les orteils ou depuis la poche du maillot.
(idée que j’avais d’abord conçue plus laborieusement, imaginant un sas à jet d’eau suivi d’un sas de séchage suivi d’un sas de rhabillage, jusqu’à ce qu’une suggestion de mon fils aîné, pris d’une subite aversion pour le sable qui s’incruste dans ses bobos — il a tenu deux heures sur la plage sans quitter sa serviette, ainsi devenue tapis volant, prenant acte de la contrainte qu’il s’imposait à lui-même, cantonnant en conséquence ses jeux imaginaires au sur-place —, me permette d’aller au plus simple)
(100 trilliards, 21 zéros, figurez-vous que c’est aussi bien le nombre approximatif d’étoiles dans l’univers que de grains de sable sur terre, c’est pas moi qui le dis, c’est Mon cahier d’observation et d’activités sur le thème des bords de mer.)
Ah, parlons-en, du torticolis, survenu quelques semaines après la torsion dorsale, après que j’eus mal dormi sur un coussin trop gros, chez ma mère chez qui j’étais allé récupérer mon fils aîné. Arrivé depuis quelques heures à peine chez sa mère et déjà se tordre le cou : tout un symbole… C’était un torticolis raide, roide, qui grince et coince quand vous avez le malheur de prétendre tourner la tête. Tout le mécanisme est grippé sans remède ; pour chaque geste d’ordinaire naturel et bien huilé, qu’on exécute par réflexe sans même y penser, on est contraint malgré soi de forcer, oubliant toujours, butant toujours contre l’ankylose de la colonne, ce périscope désormais cloué à son axe, perdu pour la giration et aveugle aux angles morts.
Chaleur ombre et vent
À même la peau
Last modified: 2 septembre 2024
