Dès lors, symptômes persistants. Épaule vulnérable, amoindrie ; l’élancement vif dans le haut du bras se manifeste à certains gestes, dans certaines postures, j’apprends le répertoire des douleurs, à reconnaître ses figures, pour mieux les contourner, ou au contraire, les tester et sentir la limite à partir de laquelle le mal se manifeste.
Un exemple parmi d’autres : ce point, je l’atteins aisément en tendant le bras, devant moi ou le long du corps, tout en inclinant la tête vers l’arrière (se décline en tout un répertoire de handicaps impliquant une position de ce genre, mal au guidon de mon vélo, mal en nageant la brasse, mal en levant les yeux, une fois la nuit tombée, vers les étoiles). Alors je sens le fil trop tendu qui souffre, le tendon opprimé, et j’ai mal non seulement dans le haut du bras, mais aussi dans la nuque, et tout le long des câbles qui relient les deux, et bientôt à la hanche, aux lombaires à nouveau (je me suis informé : ce sont des vertèbres), au genou où n’allait pas se priver de se réveiller une vieille douleur, datant elle aussi d’un défaut d’échauffement — circonstances similaires à première vue, mais à ces deux nuances près que c’était en jouant au tennis, et que je peux me dire aujourd’hui à peu près sportif, alors qu’à l’époque ce qui me tient lieu de corps était à l’abandon —, j’ai les os des omoplates et du thorax qui craquent à tout rompre quand je fais tourner les épaules pour m’assouplir, et c’est toute l’armature qui se dégonde à petit feu, qui se découvre un beau jour percluse de bas en haut et de gauche à droite, boulon après boulon ; en un mot : me voilà déglingué.
Je regarde avec envie mon fils de deux ans, encore tout en caoutchouc, invincible élastique : ne pourrait-il pas m’insuffler un peu de sa souplesse, ou quelques cellules neuves, gorgées de sève régénératrice, qui me rafistoleraient un peu plus vite ?
Mer basse, tarie
Algue à ciel ouvert
Comme des viscères
Sentant l’œuf pourri
Last modified: 11 novembre 2024
