À la recherche d’une forme

Aucune révolution n’abolira jamais l’avarice

À la recherche d'une forme (3)

L’an dernier, à la fin du premier confinement (le vrai, le dur !), j’ai voulu lire L’idéologie allemande écrite par Marx et Engels entre l’été 1845 et le printemps 1846. L’envie m’en est venue par coïncidence : alors que je venais de finir L’Origine des espèces, je tombai sur une interview du sociologue Bernard Lahire où il disait relire invariablement chaque année et le livre de Darwin et celui de Marx, considérant les deux comme des échafaudages intellectuels exemplaires.

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À la recherche d'une forme

18 avril 2021

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Tout dépend de l’ensemble auquel on appartient soi-même

À la recherche d'une forme (2)

L’humour lui-même se mécanise. Il y a des tournures de phrase, des tics oraux ou d’écriture dont on sait, par convention, qu’ils sont censés introduire un certain type d’effet comique leur correspondant. La tournure convenue joue comme un opérateur, appliquée à une variable susceptible d’emprunter alternativement sa valeur à des ensembles disjoints, s’excluant les uns les autres, selon la sensibilité du public auquel on s’adresse : la variable choisie doit relever d’un répertoire idéologiquement approprié. Par exemple, on pourra appliquer un opérateur de dénigrement ou de dérision, toujours formulé à l’identique de sorte qu’il soit reconnu comme tel au premier coup d’oeil, à une personnalité politique qu’on aura soin de sélectionner parmi le camp adverse aux idées qu’on professe. On rira si on appartient au bon camp, on s’offensera dans le cas contraire : tout dépend de l’ensemble auquel on appartient soi-même. La formule est réversible.

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À la recherche d'une forme

5 avril 2021

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Un bruit chasse l’autre

À la recherche d'une forme (1)

Sur Twitter, le monde nous paraît sur le mode du grésillement continu. Un bruit chasse l’autre et réquisitionne l’attention. Le débit du flux nous maintient sous hypnose.

Le réseau social se nourrit du temps qu’on y passe : plus on est happé, plus on se laisse happer — sorte d’effet boule de neige. Sa popularité repose sur l’addiction que suscite son principe de fonctionnement.

Que peut bien signifier, vu d’ensemble (soit une vue impossible), ce conglomérat de soliloques ? Est-ce une miniature, approximative et mécanique, de la grande conversation universelle qui, orale ou intérieure, occupe chacun vis-à-vis des autres ? Une caricature ?

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À la recherche d'une forme

2 avril 2021

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