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Surf way of life
Écrivant, pendant que j’étais au Maroc, mon image du Maroc avant le Maroc, je pensais qu’il me faudrait dire aussi quelques mots du Maroc pendant le Maroc (étant bien certain déjà en revanche de n’avoir rien à dire a posteriori d’un quelconque Maroc après le Maroc, et de fait la page du séjour refermée depuis sans qu’il soit nécessaire d’y ajouter une postface m’a donné raison), mais n’ayant pu le faire pendant le Maroc, il me faut écrire à propos du Maroc pendant le Maroc après le Maroc (ce qui n’a rien à voir avec le fait d’écrire après le Maroc sur le Maroc après le Maroc, ce qui doit apparaître clairement si l’on a bien suivi).
Continue ReadingImaginer le pire
La persistance de la douleur m’a bien forcé à réagir. J’ai préféré ne pas envisager tout de suite le vilain mot de « blessure » — au sens d’un endommagement durable qui d’abord ne se remettrait pas de lui-même, qui oblitérerait ensuite ma capacité d’agir, mettrait surtout mon intégrité physique, ma santé donc, en péril, non sans un risque qui plus est d’aggravation — mais plutôt quelque déséquilibre superficiel, quelque nerf malencontreusement tourmenté, quelque muscle à la fibre un peu tiraillée, et j’ai volontiers cru qu’y suffirait un bon massage, ou du moins une rapide remise en ordre manuelle, attitude où entrait une bonne part de déni et qui me conduisit en premier lieu chez l’ostéopathe que m’avait recommandé ma compagne, bien plus au fait de ces matières que moi, soit un type de médecine alternatif, comme on dit, et controversé, à propos duquel je n’ai ni connaissances ni donc d’avis, qu’il s’agisse d’en chanter les miraculeux mérites ou de hurler au charlatanisme crapuleux.
Continue ReadingCoup de grâce à ma carcasse
Mais il suffit de traverser la pointe de l’île (île qui se présente en deux parties : une fine bande de terre — que rattache au continent un pont à double voie, mais aussi à mi-temps la mince et limoneuse (et pittoresque) chaussée du Gois, raccourci latéral submergé à marée haute —, soit le manche, le long duquel on ne fait que passer, prolongé par la tête, où l’on peut s’arrêter, pour avoir mis tout ce qu’on pouvait de distance entre le continent et soi) depuis notre havre d’air iodé au sud-ouest, vers Noirmoutier-en-l’île au nord-est, longeant par la voie cyclable des marais salants où s’édifient quelques curieux (ça change de la plage), pour pénétrer une atmosphère plus lourde (la chaleur aide, aussi, ce jour-là), sentir s’abattre sur soi la chape des vapeurs émanant de la route à moteurs, parallèle désormais à notre voie, de moins en moins préservée à l’approche du bled d’où déferlent en sens opposé des ribambelles de cyclistes branlants et débraillés. Cette atmosphère plus lourde, cette poisse saveur hydrocarbure, c’est celle du tourisme de masse (aussi modeste soit ici son échelle) dont nous paraît d’emblée caractéristique la rue centrale, piétonne et marchande, vers où convergent tous les ennuis, par vagues de badauds, à l’heure suffocante que devrait seule occuper la sieste ; l’ennui qui arpente la rue marchande en long en large et en travers ; l’ennui en marcel et en claquettes qui se nourrit de lèche-vitrine (ça change du mall). Cette vision nous fait rebrousser chemin, sans même avoir poussé jusqu’à la plage des Dames, belle dans mon souvenir, mais aussi très prisée et malheureusement à portée de camping.
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