15/08/23
Nous partîmes de bon matin (ou à onze heures) pour une petite virée pédestre au lac de Lamoura, démarrant par le bien nommé sentier des amoureux qui sans doute dans l’imaginaire populaire s’en vont la nuit tombée par le petit bosquet qui les met à l’abri des regards indiscrets pour aboutir à la rive du lac au clair de Lune, dans le doux écrin de l’ombre des collines, lieu propice s’il en est à se conter fleurette et plus si affinités ; nous partîmes avec entrain donc, roulant rallye par les lacets qui serpentent aigu dès la sortie du camping en direction des plateaux du Haut Jura,
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Intermède
L’écrivain aussi est une espèce évolutive, qui s’adapte par sélection naturelle aux conditions les plus extrêmes ; la preuve, ne suis-je pas en ce moment même sur la terrasse de notre chalet, en train d’écrire entouré de mes deux fils, Robinson jouant bruyamment aux vaisseaux spatiaux avec ses meilleurs cailloux, Jacques me secouant le pied en bavant-babillant.
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et quelle ne fut pas notre surprise, parvenus aux abords du village de Lamoura, point de départ prévu pour notre marche, de découvrir des files ininterrompues de voitures garées des deux côtés de la route, puis après nous être garés nous aussi à la diable comme les autres, quelle ne fut pas notre surprise de constater que le village était noir de monde, une foule s’empressant d’arpenter sa rue centrale — sa seule artère —, s’affairant devant des stands de produits et d’artisanat locaux auprès des marchands de terroir, mais surtout devant des stands de pinard, de bière et de casse-croûte, car oui c’est ainsi qu’on fête ici le 15 août, justement la date du jour. Tout s’explique.
C’est voir les choses en grand pour si modeste village, on ne se contente pas ici du pauvre bal clairsemé de têtes blanches, ou pire d’une messe, non c’est une véritable féria qui se met en place, un festival qui se tient chaque année depuis trente-cinq ans — tout s’explique encore. Bien sûr, sur le coup, Amélie et moi nous imaginons déjà nous encanailler comme au bon vieux temps, mais aujourd’hui nous avons deux enfants sur les bras, rien que du point de vue logistique la chose est difficilement possible, nous avons donc traversé la cohue naissante (non sans nous jeter un demi au passage) pour nous en tenir à la petite randonnée familiale, et quand nous y sommes repassés en sens inverse, sur le retour quelques heures plus tard à la fin de notre boucle (pique-nique au bord du lac), les gens commençaient à être passablement débraillés, et cette foule compacte, ce bordel ambiant sous un soleil brûlant nous a bien légitimement fait fuir à toutes jambes pour retrouver nos pénates.
Last modified: 24 novembre 2023