2025 Tag Archive

Derniers pintxos pour la route

Carte postale #12

C’est bien gentil leurs pintxos — huile, friture, sauce, crème, mayo, jambon, graisse en général sous toutes ses formes — mais où sont les légumes au juste ? Même quand la taberna affiche fièrement « healthy food » ou «  sin gluten » sur sa devanture, tout à l’intérieur n’est en réalité que gras, gras, gras.

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Non classé

8 septembre 2025

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Collage d’éléments de langage glanés au Guggenheim

Carte postale #11

Raffiner un langage pictural à base de bouchons de bouteilles d’alcool mises au rebut qui possèdent une importance aussi puissante que subtile consistant à aplatir, tordre, presser, puis entrelacer à l’aide d’un fil de cuivre tous les éléments en aluminium d’un ciel interrompu par des métaphores de l’immensité du changement climatique : cette salle présente le nageur dans l’écolo-brume qui défie le concept de mousse de polyuréthane expansé, exécuté à l’aide de techniques brouillant les limites entre l’Art avec A majuscule et les pièces de carcasses d’automobiles transposées en trois dimensions par Gilbert et Georges, qui sont deux hommes mais un seul artiste.

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À la recherche d'une forme

6 septembre 2025

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Ravagée à l’aube

Carte postale #10

Semana Grande, envers : c’est une ville ravagée que je traverse à l’aube, ayant pris mon courage à deux mains pour faire une sortie en footing le long du fleuve, parmi des grappes dispersées de fêtards hébétés, encore secoués par les derniers soubresauts des infrabasses — certains se foutent ouvertement de ma gueule tandis que je les dépasse en courant, d’autres m’encouragent un brin ironiquement — le long de l’interminable enfilade de stands à picole qui, hormis quelques poches de résistance sur les quais diffusant encore de la musique pour les plus acharnés, sont en train de fermer boutique. Tout n’est plus que désolation et chaos, partout au sol des déchets et du verre brisé, de la pisse, et une odeur qui vous prend à la gorge, d’autant plus que, courant, j’aspire l’air à pleins poumons, une odeur par endroits insoutenable, inimaginable à l’air libre et pourtant, mélange de pisse, de merde, de vomi et que sais-je encore, que s’efforcent d’effacer les mille bras et jambes d’une armée de nettoyage, lavant la ville à grandes eaux et déployant une impressionnante flotte de balayeuses vertes, pour qu’au plus vite comme nous le constaterons en partant en balade avec les enfants sur le coup des dix heures, Bilbao soit miraculeusement redevenue impeccable, et puisse ainsi faire… rebelote.

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À la recherche d'une forme

5 septembre 2025

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Sur tous les zincs de la ville

Carte postale #9

Semana Grande, endroit : foules bon enfant de jour, armadas de poussettes suivant la procession des géants, ces personnages en plâtre, hauts de cinq ou six mètres, costumés pour incarner différentes classes sociales — le bourgeois et la bourgeoise, le berger et la paysanne, le militaire et la dévote, l’artisan affublé d’un maillot de l’Athletic Bilbao (ou est-ce un prolétaire ?) qui effraient Jacques comme m’avaient effrayé, plus de quarante ans plus tôt, ainsi que le raconte parfois mon père, les cabezudos défilant en Galice — danses traditionnelles et bal populaire sur la Plaza Nueva, chants basques entonnés impromptu par des choeurs d’anciens, coiffés de l’indéboulonnable béret, devant les tabernas où s’émèchent gentiment les piliers de l’apéro méridien, débit frénétique de pintxos et de cañas et de txakoli sur tous les zincs de la ville, fanfares et troubadours à tous les coins de rue.

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À la recherche d'une forme

4 septembre 2025

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Errer dans le Casco Viejo

Carte postale #8

Nous avons testé pour vous :

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À la recherche d'une forme

2 septembre 2025

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Sable et sel en vrac

Carte postale #7

Deux ânes stoïques dans les marais salants.

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À la recherche d'une forme

30 août 2025

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Néoclassique on the beach

Carte postale #6

Mercredi nous nous rendons dans le quartier huppé du Vieil, avec ses vieilles maisons bourgeoises donnant directement sur la plage, pour assister au récital en plein air, piano sur le sable ou presque, d’une certaine Sophie Rivière, enfant du pays dont les « compositions s’inspirent du style néoclassique et de la nature », comme elle le précise elle-même sur son site.

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À la recherche d'une forme

29 août 2025

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Un monologue de sourd

Carte postale #5

Au Cadillac Bar, où nous aussi avons désormais nos habitudes, un type à la table voisine prend prétexte de ce que j’annonce à ma compagne de la pluie pour le lendemain, selon Météo France, pour s’immiscer dans notre conversation. Mais après tout, parler météo au bistrot, marronnier universel par définition, n’est-ce pas une invitation patente à l’immixtion ? Si le soir, on entend la mer depuis les terres, nous explique-t-il doctement, c’est que souffle un vent de nord-ouest, et que donc un orage se prépare, tandis que si on ne l’entend pas, c’est que souffle plutôt un vent de sud-ouest, d’où pas d’orage en vue — ou inversement et antipodiquement, je ne sais plus, je n’entends rien à ces jeux de langage. S’ensuit un dialogue de sourds avec son compère qui — est-ce donc une manie sous ces latitudes ? — a besoin de nous parler.

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À la recherche d'une forme

27 août 2025

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Règlement de comptes au Cadillac Bar

Carte postale #4

Dans le quartier du village où nous logeons, vers le port de Morin, on trouve pour tous commerces : un magasin d’accessoires de plage sur la route du port (avec son panneau racoleur : « soyez surpris : le magasin est grand ! »), et deux bars-restaurants, situés côte-à-côte juste en face du camping pour mieux s’en disputer les chalands : j’ai nommé le Cadillac Bar (a.k.a. chez Papou) et Jojo la frite. Le premier ne désemplit pas de la journée, tandis que chez le second la fréquentation paraît plus sporadique ; c’est sans doute que, même si son offre est sensiblement la même, son cadre est plus fruste. Au Cadillac Bar, il y a en outre une salle de jeux d’arcade où, pendant que nous attendons nos frites en buvant des bières, les enfants vont s’amuser sur les machines, sans qu’il soit besoin d’y insérer trop de pièces : leur imagination fait le reste (le fils aîné aura tout de même droit à une partie de flipper et une course de moto). Répit bienvenu pour les parents. À chaque fois qu’elle vient nous voir sur la terrasse latérale où nous sommes installés, la serveuse se plaint ostensiblement des clients ivres à l’intérieur, et quand je me rends à la caisse pour régler la note, je constate effectivement que là-dedans tout le monde est bourré : jeunes et vieux, vacanciers comme habitués. Notamment ces deux jeunes, ronds comme des queues de pelle, qui attendent leurs pizzas derrière moi et que j’entends subitement, avec effroi, commenter la couleur de mon pantalon, comme si je n’avais pas mes deux jambes dedans, et qu’il était enfilé sur un mannequin dans une vitrine.

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À la recherche d'une forme

26 août 2025

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Le chantier Agnès Varda

Carte postale #3

Après notre excursion au large sur le voilier plus que centenaire, il nous faut rebrousser chemin et nous extirper de la foule susmentionnée, ce qui dans le centre congestionné de la petite station balnéaire ne se fait pas sans mal, si bien qu’à un moment notre fils aîné et moi sommes contraints de nous arrêter sur un trottoir pour attendre que nous rejoigne ma compagne qui a la tâche délicate de manœuvrer, arrimée à son vélo, la carriole convoyant notre fils cadet. C’est là que m’apostrophe un type surgi de nulle part, l’air hébété :

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À la recherche d'une forme

25 août 2025

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