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Derniers pintxos pour la route
C’est bien gentil leurs pintxos — huile, friture, sauce, crème, mayo, jambon, graisse en général sous toutes ses formes — mais où sont les légumes au juste ? Même quand la taberna affiche fièrement « healthy food » ou « sin gluten » sur sa devanture, tout à l’intérieur n’est en réalité que gras, gras, gras.
Continue ReadingCollage d’éléments de langage glanés au Guggenheim
Raffiner un langage pictural à base de bouchons de bouteilles d’alcool mises au rebut qui possèdent une importance aussi puissante que subtile consistant à aplatir, tordre, presser, puis entrelacer à l’aide d’un fil de cuivre tous les éléments en aluminium d’un ciel interrompu par des métaphores de l’immensité du changement climatique : cette salle présente le nageur dans l’écolo-brume qui défie le concept de mousse de polyuréthane expansé, exécuté à l’aide de techniques brouillant les limites entre l’Art avec A majuscule et les pièces de carcasses d’automobiles transposées en trois dimensions par Gilbert et Georges, qui sont deux hommes mais un seul artiste.
Continue ReadingRavagée à l’aube
Semana Grande, envers : c’est une ville ravagée que je traverse à l’aube, ayant pris mon courage à deux mains pour faire une sortie en footing le long du fleuve, parmi des grappes dispersées de fêtards hébétés, encore secoués par les derniers soubresauts des infrabasses — certains se foutent ouvertement de ma gueule tandis que je les dépasse en courant, d’autres m’encouragent un brin ironiquement — le long de l’interminable enfilade de stands à picole qui, hormis quelques poches de résistance sur les quais diffusant encore de la musique pour les plus acharnés, sont en train de fermer boutique. Tout n’est plus que désolation et chaos, partout au sol des déchets et du verre brisé, de la pisse, et une odeur qui vous prend à la gorge, d’autant plus que, courant, j’aspire l’air à pleins poumons, une odeur par endroits insoutenable, inimaginable à l’air libre et pourtant, mélange de pisse, de merde, de vomi et que sais-je encore, que s’efforcent d’effacer les mille bras et jambes d’une armée de nettoyage, lavant la ville à grandes eaux et déployant une impressionnante flotte de balayeuses vertes, pour qu’au plus vite comme nous le constaterons en partant en balade avec les enfants sur le coup des dix heures, Bilbao soit miraculeusement redevenue impeccable, et puisse ainsi faire… rebelote.
Continue ReadingSur tous les zincs de la ville
Semana Grande, endroit : foules bon enfant de jour, armadas de poussettes suivant la procession des géants, ces personnages en plâtre, hauts de cinq ou six mètres, costumés pour incarner différentes classes sociales — le bourgeois et la bourgeoise, le berger et la paysanne, le militaire et la dévote, l’artisan affublé d’un maillot de l’Athletic Bilbao (ou est-ce un prolétaire ?) qui effraient Jacques comme m’avaient effrayé, plus de quarante ans plus tôt, ainsi que le raconte parfois mon père, les cabezudos défilant en Galice — danses traditionnelles et bal populaire sur la Plaza Nueva, chants basques entonnés impromptu par des choeurs d’anciens, coiffés de l’indéboulonnable béret, devant les tabernas où s’émèchent gentiment les piliers de l’apéro méridien, débit frénétique de pintxos et de cañas et de txakoli sur tous les zincs de la ville, fanfares et troubadours à tous les coins de rue.
Continue ReadingNéoclassique on the beach
Mercredi nous nous rendons dans le quartier huppé du Vieil, avec ses vieilles maisons bourgeoises donnant directement sur la plage, pour assister au récital en plein air, piano sur le sable ou presque, d’une certaine Sophie Rivière, enfant du pays dont les « compositions s’inspirent du style néoclassique et de la nature », comme elle le précise elle-même sur son site.
Continue ReadingLe chantier Agnès Varda
Après notre excursion au large sur le voilier plus que centenaire, il nous faut rebrousser chemin et nous extirper de la foule susmentionnée, ce qui dans le centre congestionné de la petite station balnéaire ne se fait pas sans mal, si bien qu’à un moment notre fils aîné et moi sommes contraints de nous arrêter sur un trottoir pour attendre que nous rejoigne ma compagne qui a la tâche délicate de manœuvrer, arrimée à son vélo, la carriole convoyant notre fils cadet. C’est là que m’apostrophe un type surgi de nulle part, l’air hébété :
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