Une lourde bâtisse de granite lozérien, avec des murs d’un bon mètre d’épaisseur, implantée en périphérie d’une minuscule place constituant l’entièreté du lieu-dit, hameau tout de vieilles pierres — rugueuses, grises, piquetées de blanc — immuable et rustique.
Au rez-de-chaussée et au premier étage, deux grandes salles, avec table de banquet au centre, de larges poutres au plafond, et au pourtour, du bois qui habille opportunément la pierre, comme dans un chalet, linteaux, commodes, bancs, coffres et placards encastrés, petit débarras sous l’escalier, bien sûr un poêle, bien sûr une cheminée, en bas un renfoncement dans la pierre qui forme comme un large bac à l’ancienne, destiné peut-être à la lessive, un ancien lavabo du même acabit — c’est que par endroits, la maison est bâtie à même la roche brute, préexistante, ancrée là dans la terre, ce qui donne notamment cette cavité sans emploi dans un coin de la pièce du bas — et des fenêtres à l’embrasure creusée dans la masse, laissant passer juste assez de lumière : il fait un peu sombre, et très froid sans doute en hiver, d’autant plus si, comme je l’ai entendu dire, une fois imprégné de pluie, le granite longtemps reste humide. En bas, à gauche de la cuisine ouverte, une alcôve où se niche un lit à l’abri des pans de bois qui resserrent l’espace et le dérobent à la vue, grâce aux rideaux derrière lesquels on pourra s’éclipser, se retirer du monde, dormir dans sa cabane. À l’étage, on retrouve deux de ces merveilleuses litières, occupant toute la longueur du mur du fond.
Dehors, sur le palier, table et bancs en bois, tout d’un tenant comme pour le pique-nique, occupant un petit recoin délimité par un muret en arc de cercle. Au-delà, l’allée de bitume qui donne accès — depuis le rond-point du hameau, ou du lieu-dit, ou tout simplement de l’endroit — à la maison ainsi qu’à deux autres bâties dans son prolongement — il paraît qu’un écrivain a coutume de louer l’une d’elles — formant ensemble un angle droit. L’allée descend en quelques mètres vers la place, et l’on donne donc directement depuis le palier sur une vieille église, façade rudimentaire surmontée de ses deux cloches, un terre-plein en pierre avec son petit obélisque, trois arcades en pierre surplombant des supports métalliques qui, invente A., servaient jadis à l’entretien des sabots, un départ de sentier de VTT à droite, un cimetière à gauche ; et quelques bâtisses du même style en face.
À droite du palier, on descend en quelques marches au jardin, large enclos d’herbe sèche, bordé d’arbres étiques, et donc faiblement ombragé. Une poule, à l’heure où j’écris, tranquillement s’y promène. Enfin, un sentier forestier longe la bordure.
Étrange que d’avoir, depuis sa terrasse, vue sur tout le village (et réciproquement) — aussi modeste fût-il.
Last modified: 12 septembre 2021