À la recherche d'une forme Tag Archive
Du diktat inerte des choses
Ce bric-à-brac qu’on amasse, comme il pèse lourd et nous cloue au sol, nous enlise en lui jusqu’au cou comme des sables mouvants. Diktat inerte — passif-agressif diraient les psychologues — des objets qui, jamais à leur place, toujours en travers, nous narguent et même assaillent nos pieds par la plante.
Continue ReadingCritique de la vie quotidienne, et des télésièges
Curieux livre d’Henri Lefebvre, dont je m’étais promis de lire quelque chose depuis longtemps. Quand, comme j’ai l’habitude de le faire pour presque chacune de mes lectures, j’ai posté sa couv’ sur mon fil Twitter, 14 personnes l’ont « likée » et 4 l’ont « retweetée », dont deux qui ont ajouté un commentaire, du type poing levé et couteau entre les dents (bizarrement, pour une raison que j’ignore, je n’arrive plus à afficher lesdits commentaires, à l’heure où j’entame cette note. Leurs auteurs se seraient-ils rétractés depuis ?), statistiques qui disent un peu, à la modeste échelle de mon audience et toutes pincettes prises quant à leur très réduite représentativité, l’estime où est tenue cet auteur parmi un certain public (lequel, de public ? Sans doute un public un minimum averti en matière de marxisme, dont Lefebvre fut un éminent spécialiste).
Continue ReadingDu souvenir comme apprentissage
Comment appréhender le phénomène du souvenir sans l’envisager comme résultant d’une empreinte laissée dans l’esprit, d’une trace profondément, quasi matériellement, inscrite dans l’âme ? Voyons d’abord le souvenir comme la remémoration d’une expérience. Lorsqu’elle a lieu, cette expérience apporte du neuf au répertoire de notre vécu, c’est-à-dire, si l’on tente de s’affranchir du registre de l’impression, que l’expérience nous fait ajouter de nouvelles ressources au périmètre des choses que nous pouvons exprimer, soit aux jeux de langage dont nous maîtrisons la logique.
Continue ReadingAlbum auguste
Une roulotte immobile au départ d’une halte
De pluie criblé l’abri crépite
Au voisinage du tonnerre
Torrents enrobent une coquille
C’est l’antichambre d’un pays
Le jour où je suis devenu cafetier
Fin de matinée. Alors que tout le monde est en balade, je somnole paisiblement au creux de l’alcôve du rez-de-chaussée comme un dimanche à la campagne. Trois coups subits sont frappés à la porte. Pris au dépourvu je sursaute et m’extirpe hâtivement du réduit tandis que déjà furètent deux yeux curieux sur un nez effilé à travers les carreaux. Le type m’est inconnu. Quel culot de fouiner ainsi chez moi, ai-je à peine le temps de penser qu’il ouvre carrément la porte sans attendre, et le voilà jaillissant à l’intérieur qui s’adresse crânement à moi comme un diable sur ressort sautant d’une boîte. Je crois avoir la berlue.
Continue ReadingUne maison en Lozère
Une lourde bâtisse de granite lozérien, avec des murs d’un bon mètre d’épaisseur, implantée en périphérie d’une minuscule place constituant l’entièreté du lieu-dit, hameau tout de vieilles pierres — rugueuses, grises, piquetées de blanc — immuable et rustique.
Continue ReadingPublier mon livre m’a valu l’inimitié d’un vieux copain
Lorsque j’ai décidé d’autoéditer mon roman, j’ai dû envisager tous les moyens d’en faire la promotion, bien que ce fût là l’aspect de l’entreprise qui me rebutât le plus. Mais je ne me faisais pas d’illusions : personne ne s’en chargerait à ma place, et sans ça, mes exemplaires finiraient tous au pilon (j’avais opté pour un mode d’édition traditionnel qui ferait la part belle à la qualité du livre — ce qui implique du stock — plutôt que pour l’impression à la demande façon Amazon, avec son rendu bas de gamme).
Continue ReadingLa volonté du pire
Chez les experts s’étant livrés au commentaire médiatique de la crise du Covid-19, jouissant d’une influence démesurée sur l’opinion publique, deux positions antagonistes se sont affrontées dès le départ : l’optimisme et le pessimisme. Mon étonnement part du fait que, alors que les deux camps se sont massivement trompés tout au long de leurs oracles quotidiens, l’un a rapidement été ostracisé (les optimistes, qu’on a d’ailleurs ridiculisés sous le ricanant sobriquet de « rassuristes ») tandis que l’autre a continué de bénéficier d’une confiance aveugle (les pessimistes, auto-promus au rang des dignes représentants de la Science Véridiquement Vraie). Ces derniers ont pourtant soutenu mordicus toute une série de propositions qui, avec le temps, se sont avérées fausses et, plus grave encore, ce sont leurs prévisions catastrophistes, modélisées selon des hypothèses amplifiant à outrance les effets de l’épidémie, et toujours démenties d’ailleurs a posteriori, qui ont présidé aux décrets arbitraires du gouvernement tout en décuplant la panique collective. Aujourd’hui encore ils plastronnent avec une morgue invraisemblable, sans se sentir tenus au moindre mea culpa.
Continue ReadingBrèves du moraliste
Si je me suis absenté de Twitter pendant quelques jours (quelqu’un s’en est-il aperçu ?), des sottises me sautent à la figure dès que j’en reprends le fil, et l’envie me démange d’y réagir sur le champ, d’ironiser, de moquer, de pointer du doigt : je replonge au moment même où cesse le sevrage.
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